Waddall: Les oubliés

  • Le travail de Waddall, comme celui de tout véritable artiste, est en constante évolution. Jusque-là ses œuvres étaient très fortement influencées par ses racines africaines ; désormais, tout en conservant la marque de ses origines comme pour ses cartons grattés, pour À la recherche d’un toit, Cop 21, Bouqui & Ti Malice totem en matériaux de récupération, ou encore ses nombreux portraits d’artistes ou d’écrivains, africains pour la plupart, ses dernières réalisations tendent vers l’universalité. C’est ainsi qu’il a choisi de traiter le thème des Oubliés, ceux que nos sociétés, qu’elles soient africaines ou européennes rejettent et que, surtout, nous ne voulons pas voir. Ces laissés pour compte, ces échoués du métro, ces silhouettes devenues transparentes à nos yeux, il les dessine au fusain, avec des trais marqués et de grands à-plats noirs afin de leur rendre une épaisseur et une chair. Ces images à la fois simples et fortes s’ancrent en nous. Même si par lâcheté nous choisissons de leur tourner le dos, comme ce couple, elle en robe lui en chemise fleuries, qui s’éloigne, indifférent, dans Le Onze, elles resteront, que nous le voulions ou pas, gravées dans nos mémoires. Il ne s’agit pas là d’un quelconque discours misérabiliste ou démagogique, mais de nous ramener, dans le miroir que nous tendent ces hommes et ces femmes enroulés dans de vieilles couvertures, leurs maigres possessions entassés dans de gros sacs en plastique, à notre propre humanité, à nos faiblesses, à nos souffrances, à ce que nous sommes tous peu ou prou : des oubliés.

Émile Brami

 

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